Etape 2

ACCUEILLIR CE QUI EST DONNE

Suggestion : dans mon carnet de bord, je note les noms de ces personnes qui m’envoient des petits signes par téléphone ou autres moyens, les informations qui m’interpellent au quotidien …

Premier temps :

Dans mon quotidien, que d’occasions d’accueillir …!
Dès le lever, il me faut accueillir (c’est mieux que ‘accepter’ !) tout ce qui ne dépend pas de moi : la météo, les infos à la radio, les appels au téléphone, un courrier attendu ou indésirable …
Si tout est à mon goût, me semble bon, pour moi et mes proches, quelle joie ! J’en viens parfois même à louer le Seigneur, comme s’il me favorisait …
Mais accueillir l’hostilité, les inquiétudes et les contrariétés ? Il va me falloir faire appel à toutes mes ressources physiques, morales, intellectuelles, spirituelles, et partager avec d’autres dans la confiance, dans l’aveu de mes limites.
C’est aussi prendre conscience de ma faiblesse, de mon dénuement, de ma pauvreté.
Savoir alors que je ne suis pas seul, savoir demander, vaincre ma pudeur ou mon orgueil, mendier si nécessaire, aller vers les autres, mes frères humains, et faire confiance.
Pour le croyant, je le sais, faire confiance à Dieu, c’est faire confiance à l’homme. Le chemin vers Dieu passe par l’homme.

Prions : Dans nos vies installées confortablement, dans nos cœurs alourdis, dans nos journées train-train … Seigneur, réveille en nous la vraie vie. Qu’elle nous ouvre un chemin vers la liberté, la joie, la fraternité à construire chaque jour.

François accueillait l’adversité, les personnes différentes, les événements …

« Quand il est fait prisonnier durant la guerre entre Pérouse et Assise, tandis que ses compagnons s’abandonnaient à la tristesse, François exultait dans le Seigneur, riait et se moquait de ses chaînes. Parmi les prisonniers, il y avait notamment un chevalier orgueilleux et insupportable : tous avaient décidé de le tenir à l’écart, mais il ne put venir à bout de la patience de François qui supporta l’insupportable et le réconcilia avec tous ses compagnons. «                                                                                                                           (2 Celano 1.4)

« Je vais t’expliquer comme je le puis ton cas de conscience. Des soucis ou des gens – frères et autres personnes – t’empêchent d’aimer le Seigneur Dieu ? Eh bien ! même si en plus, ils allaient jusqu’à te battre, tu devrais tenir tout cela pour une grâce. Tu dois vouloir la situation telle qu’elle est, et non pas la vouloir différente. Considère cela comme une vraie charge ou « obédience » que le Seigneur Dieu et moi nous t’imposons, car telle est, j’en suis certain, l’obéissance véritable. Aime ceux qui te causent des ennuis . N’exige pas d’eux, sauf si le Seigneur t’indique le contraire, un changement d’attitude à ton égard. C’est tels qu’ils sont que tu dois les aimer, sans même vouloir qu’ils soient ( à ton égard) meilleurs chrétiens. Cela sera pour toi plus méritoire que la vie en ermitage. »                                                                                                                                                      (Lettre à un Ministre, 1-8)

Sans doute avons-nous l’expérience d’accueillir des visiteurs non invités ou même d’avoir été reçus de manière imprévue chez des inconnus. Que se passe-t-il alors en nous ?

Prenons un peu de temps pour y réfléchir en toute vérité.

« N’oubliez pas l’hospitalité, car, grâce à elle, certains, sans le savoir, ont accueilli des anges. » (Hb, 13,2)

Voici le témoignage de Louise. Dans sa « maison de Béthanie » elle vit en permanence l’accueil fraternel de personnes vulnérables, souvent rejetées socialement. Et dans un surcroît de générosité, elle accueille les pèlerins du chemin d’Assise !

Je me réjouis de témoigner du bonheur d’accueillir à Béthanie les Pèlerins de la Paix.
Merci à l’association venue en 2007/2008 bouleverser notre train-train et ouvrir notre maison sur d’autres horizons. Je n’en veux pour preuve que le bonheur de nos résidents, SDF. ou demandeurs d’asile, sans papiers , pour qui les pèlerins sont des frères, des amis attendus et aimés avant de les connaitre. Entre la préparation des repas, des chambres, de la salle à manger, l’accueil et le partage de vie dans les différences, chacun assure ses responsabilités avec fébrilité. Réconforter, soigner les pieds ou les genoux, témoigner de notre vie et partager un temps de louange et d’action de grâce, chaque pèlerin apporte un souffle de grâce. Nous avons accueilli plus de 700 Pèlerins en 12  années, à pieds, à cheval ou en vélo. Il faut parfois aller chercher les plus fatigués ou ceux qui n’ont pas trouvé de gite. Être accueillant c’est se rendre disponible pour l’hôte de passage, car en lui, c’est Jésus qui s’invite à la fête.
Très chers Amis Pèlerins qui avez partagé pour un soir ou quelque jours, notre vie fraternelle,        avec ses joies et ses peines, et qui nous avez apporté le souffle de l’Esprit qui vous anime,               vous êtes ce rayon d’espérance qui éclaire la routine des jours,                                                            Vous venez nous bousculer, pour ouvrir toujours plus grand notre cœur.                                         Merci à tous, pour votre amitié, vos prières, vos dons et vos encouragements.                                    Votre souvenir habite et anime notre cœur.                                                                                                     Que le Seigneur vous bénisse et vous garde dans sa paix et sa Joie.
                              PAX et BONUM
                                                     Louise et tous ses frères et soeurs de Béthanie 

Chantons : Merci à ceux qui aiment
(Gianadda/Langree/Studio SM)

Deuxième temps :

Il est un lieu-phare sur le chemin vers Assise. Un village de Bourgogne, Taizé, où convergent depuis 70 ans des milliers de jeunes en recherche.

Une communauté œcuménique dont la règle de vie est si proche de l’esprit de St-François !

« Les jeunes ont commencé à venir plus nombreux dans les années 1958-1960. Nous n’avons rien fait pour les attirer. C’était un étonnement : comment est-ce possible que les jeunes viennent dans une période où ils ne vont plus participer à la prière dans les églises ? Nous ne pouvions pas les renvoyer, ils venaient pour prier, pour chercher. Mais nous n’avions pas de place pour les accueillir. […] Nous nous sommes dit : « Où est l’hospitalité selon l’Évangile, si nous les laissons loin ? » […] Voyant sur notre colline tant de visages de jeunes, non seulement de l’Europe occidentale et orientale, mais aussi, de plus en plus, des autres continents, nous comprenons qu’ils viennent avec des questions vitales, en particulier celle-ci : où trouver un sens à ma vie ? […] Nous souhaitons être pour eux des hommes d’écoute, et non des maîtres spirituels. »                                                                                                  Frère Roger (cité dans « Choisir d’aimer »  Les Presses de Taizé 2006)

Des frères nous parlent du pèlerinage de confiance proposé par la communauté.

 

Dieu de tous les humains, quand nous avons le simple désir d’accueillir ton amour,                                une flamme s’allume peu à peu au tréfonds de notre âme.                                                                          Elle peut être toute fragile mais elle brûle toujours.                Frère Roger

Prions avec la communauté.

Troisième temps :

Voici qu’il me faut encore accueillir la fatigue du jour. Quelquefois elle se ressent comme une satisfaction du travail choisi et accompli. Et j’affirme que c’est une bonne fatigue, une saine fatigue si elle est seulement physique.
Parfois elle se retourne contre moi-même, elle m’alourdit car mes « malheurs » sont amplifiés. Et ma relation aux autres en est impactée : soit je me retranche dans le silence soit des paroles dures jaillissent …
Une belle occasion d’accueillir ma faiblesse, ma déception bien réelle vis à vis de moi, vis à vis des autres.
C’est le mot de fraternité qui me vient aux lèvres : savoir m’accueillir comme frère de moi-même, de ce pauvre moi-même ; alors je pourrai commencer à accueillir l’autre, les autres. Eux aussi, comme moi, ont leur mystère, leur opacité, leurs ténèbres peut-être.

Le pape François écrit dans « Fratelli tutti » :                                                                                            « Le chemin vers une meilleure cohabitation implique toujours que soit reconnue la possibilité que l’autre fasse découvrir une perspective légitime, au moins en partie, quelque chose qui peut être pris en compte, même quand il s’est trompé ou a mal agi. En effet, « l’autre ne doit jamais être enfermé dans ce qu’il a pu dire ou faire, mais il doit être considéré selon la promesse qu’il porte en lui »,promesse qui laisse toujours une lueur d’espérance.
Dans les familles, tous contribuent au projet commun, tous travaillent pour le bien commun, mais sans annihiler chaque membre ; au contraire, ils le soutiennent, ils le promeuvent. Ils se querellent, mais il y a quelque chose qui ne change pas : ce lien familial. Les querelles de famille donnent lieu par la suite à des réconciliations. Les joies et les peines de chacun sont assumées par tous. Ça oui c’est être famille ! Si nous pouvions réussir à voir l’adversaire politique ou le voisin de maison du même œil que nos enfants, nos épouses, époux, nos pères ou nos mères, que ce serait bien ! Aimons-nous notre société ou bien continue-t-elle d’être quelque chose de lointain, quelque chose d’anonyme, qui ne nous implique pas, que nous ne portons en nous, qui ne nous engage pas ? »

Acceptons d’être ainsi interpellés par l’intensité de cette façon de vivre les relations humaines.

Accueillons ces paroles de François d’Assise :
« Nombreux sont ceux qui, s’adonnant aux prières et aux offices, font subir à leur corps beaucoup d’abstinences et d’afflictions, mais pour une seule parole qui leur semble être une injustice envers leur corps ou pour quelque chose qui leur est enlevé, les voici aussitôt scandalisés et perturbés. Ceux-là ne sont pas pauvres en esprit… » (Admonition 14)

Pour prier et méditer, voyons comment un frère franciscain, ermite en Ligurie (Italie) vit sa mission de témoin d’Évangile, notamment dans l’accueil des pèlerins sur le chemin d’Assise.

 

Prions encore :

Seigneur, apprends-moi à risquer la relation avec l’autre, celui qui m’est proche.
Tu le sais, il est plus facile de rester « centré » sur soi, de croire que ce que je vis suffit.
Tu m’apprends à élargir « les espaces de ma tente », à oser apporter ce que je pense, ressens comme une pierre pour construire une cathédrale.
Prendre la parole, c’est me découvrir avec mes richesses et mes pauvretés, c’est ouvrir ma porte pour que l’autre puisse dire ce qu’il pense, ressent.
Merci, Seigneur, pour nous avoir montré dans les Évangiles le goût et la passion que tu avais pour rencontrer tous types d’hommes qui croisaient ta route. Du lépreux à la prostituée, à l’inspecteur des impôts, en passant par les autorités religieuses, tu allais à leur rencontre avec confiance et amour. Guide-moi sur le chemin de l’échange avec mon frère différent, d’une autre culture, race.                                        (François, Poitiers)

           Poursuivons notre prière en prenant quelques instants de silence entre chaque intention.

Pour l’Église répandue à travers le monde, pour l’unité des chrétiens, Seigneur nous te prions

Pour tous ceux qui aiment Dieu, les croyants de toutes les religions, nous te prions

Pour la paix dans tant de régions du monde, pour ceux qui la recherchent, nous te prions

Pour ceux qui souffrent de la faim et de la pénurie d’eau, nous te prions

Pour ceux qui cherchent à rendre la terre habitable pour tous, à réduire les inégalités, prions

Chantons la prière de Jésus (avec les Petits Chanteurs de Grenoble):

 

Bénis-nous, ô Dieu qui aime chacun de nous et nous accompagne toujours dans notre humaine fragilité. Au nom du Père, du Fils et du St-Esprit.

Et pour me convertir,  si je faisais du neuf …?

par exemple : peut-être que je suis très accueillant et dans l’attente de qui viendra… Je pourrais réaliser un cadre (bien placé dans mon entrée) avec les photos ou les noms des personnes accueillies ces derniers mois. Sans oublier qu’ accueillir c’est aussi « aller au-devant de « ?

Le pape François nous donne quelques idées : « des mots d’encouragements qui réconfortent qui fortifient, qui consolent, qui stimulent » au lieu de « paroles qui humilient, qui attristent, qui irritent, qui dénigrent » (Fratelli tutti, n. 223). Parfois, pour offrir de l’espérance, il suffit d’être « une personne aimable, […], qui laisse de côté ses anxiétés et ses urgences pour prêter attention, pour offrir un sourire, pour dire une parole qui stimule, pour rendre possible un espace d’écoute au milieu de tant d’indifférence » (n. 224).

Pour aller plus loin dans mon cheminement de pèlerin :
Je peux lire aujourd’hui quelques passages du livre « Accueillir la Parole de Dieu avec François d’Assise » de Michel Hubaut, (Ed.Franciscaines 2007)

Etape 1 : PARTIR ENSEMBLE
Etape 2 : ACCUEILLIR CE QUI EST DONNE
Etape 3 : S’EMERVEILLER , COMMUNIER DANS LA PAIX
Etape 4 : PERSEVERER DANS LA JOIE INTERIEURE
Etape 5 : COMMENCER…

Pour ouvrir chaque étape, cliquer sur le titre. Bon chemin !